Hanoi a ete la cerise sur notre gateau communiste. On connait tous les "vestiges" du communisme avec ses batiments aux lignes exaltees ou le beton et la souplesse stalinienne ne font qu'un. Sachez qu'il existe encore un pays d'irreductibles ou l'on peut "vivre" le communisme de la grande epoque.
Apres avoir eu quelques deconvenues avec l'immigration vietnamienne au Cambodge, qui nous avait alors gentiment gratifies d'un visa non extensible de 15 jours au prix d'un visa d'un mois extensible, nous devions nous faire faire un nouveau visa a Hanoi. Nous sommes donc alles au service de l'immigration de la Republique Socialiste du Vietnam. Le ministere de l'immigration se trouve dans le quartier des ambassades. Mais contrairement aux luxueuses ambassades et banques qui peuplent le quartier, le batiment de l'immigration se trouve au bout d'une ruelle d'arriere cours de magasin chinois, qui se termine en un parking de superette. Apres avoir trouve l'entree non loin des poubelles, on accede au service dedie aux "etrangers", mais surprise il n'y a pas un seul etranger dans la file d'attente. On explique notre cas a l'officier de l'immigration.
Sans le savoir, c'est le debut d'une visite magique dans le fabuleux monde de l'administration communiste. Rien a voir avec le communisme laotien qui au mieux doit consister a repeindre son hamac en rouge et a siffler l'internationale pendant la sieste, au Vietnam on ne rigole pas avec ces choses la. L'officier nous explique qu'il ne peut delivrer de visa. Hum... etrange... on est au service de l'immigration et on ne peut pas faire de visa. On demande plus de precisions. L'officier deja excede nous explique qu'on ne peut pas faire faire de visa, que la seule possibilite est de passer par une agence de tourisme privee, puis nous ignore completement et nous tourne le dos pour nous faire comprendre qu'on doit s'en aller.
Il est tres mal vu dans les administrations de ce genre d'elever la voix, de protester, de demander trop d'explications, ou encore de penser. Malgre "l'impertinence" d'un tel acte, on demande des explications. L'officier enerve nous renvoie a sa chef, a deux guichets du sien. On recommence toute notre petite histoire : l'ambassade du vietnam au cambodge qui s'est mis notre argent dans la poche, les multiples tentatives steriles d'avoir un nouveau visa... Elle nous ressert la meme chose que son collegue : il n'est pas possible de faire un visa au bureau de l'immigration, il faut payer une agence de tourisme (tres chere) pour qu'elle soit notre "sponsor", c'est-a-dire officiellement garantir qu'on va bien quitter le pays (mais ils ont encore des doutes ?!) et officieusement, legaliser un systeme d'extorsion a la "vietnamienne". En mauvais communistes, on s'enerve...
Il faut savoir que c'est la chef qui nous a recus, et comme toute chef, elle a un truc special, un "special trick". Le sien est d'appeler une interprete parlant francais pour nous faire comprendre qu'on devait quitter les lieux. L'interprete neanmoins accede a notre requete et tente de faire quelque chose. A posteriori, l'officier interprete etait la seule personne polie et efficace de ce service. Elle appelle donc son superieur et, grace "aux bonnes relations qu'entretiennent la France et le Vietnam" (heureusement qu'ils ont gagne a Dien Bien Phu...) on pourrait peut etre avoir un visa en passant par une procedure appelee "cas special". Bien entendu, cette procedure est exceptionelle et on ne doit pas ebruiter la chose, c'est qu'ici on doit payer une agence pour tout faire a votre place et il n'est pas question qu'il en soit autrement. On commence donc a remplir le formulaire "cas special". Cela fait une heure qu'on est la et on n'a toujours pas vu un seul etranger, seuls des vietnamiens travaillant pour les agances de voyage viennent avec 50 passeports, les deposent, et repartent avec 50 autres.
On croit tenir le bon bout, quand l'interprete revient et nous dit que sa chef s'est plaint de notre comportement. On retourne voir la chef qui nous tend un telephone et tourne la tete ailleurs avec mepris pour ne pas croiser notre regard. Elle semble enervee et "blessee" au sens administratif du terme. A l'autre bout du fil, un vietnamien parlant francais ne prend pas la peine de se presenter et m'explique que la chef n'a pas apprecie qu'on fasse tant de remue-menage, qu'elle a meme ete "choquee" par notre comportement. Il me precise qu'elle attend une lettre d'excuses adressee a elle et au service de l'immigration de la republique socialiste du vietnam. Il ajoute que notre demande de visa sera examinee par une commission speciale qui, si elle accepte nos excuses, pourrait peut etre faire le visa, mais rien n'est moins sur. Enfin, il nous met en garde et nous demande de cesser cela tout de suite ou l'on risque d'avoir une amende, voire meme d'etre expulses du pays... Sur ce, on fait evidemment demi tour et on ferme la porte derriere nous a la limite du fou rire. Dementiel...
Sinon, quand on ne passe pas 2 jours a tenter d'arranger un visa, on peut quand meme voir deux ou trois trucs interessants a Hanoi. Il y a ainsi le lac Hoan Kiem, au dessus duquel un joli petit pont rouge joint une petite ile sacree a la berge, et "le temple de la litterature", une ancienne universite placee sous le regard bienveillant de Confucius.
La tranquillite d'Hanoi (a 20m d'une autoroute de motos)...
Le temple de la Litterature, sous l'egide de Confucius
Dans les ruelles du vieux quartier d'Hanoi, on peut aussi boire la biere pression reputee la moins chere du monde, appelee Bia Hoi par les Viets. 10 centimes d'euro le demi, on ne s'en est evidemment pas prives. Un bon point pour les vietnamiens pour une fois !
Ruelle du vieux quartier
Finalement, nous sommes passes par une agence pour notre visa, ainsi que pour acheter de simples tickets de train, etant donne que, la aussi, il n'est pas possible de le faire directement a la gare, et "qu'il faut passer par une agence" comme on nous l'a re-dit... Prochaine destination : La baie d'Halong !
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